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Spinoza, une philosophie pour éclairer notre vie

Comprendre ces sentiments qui nous gouvernent...


« Nous flottons, inconscients de notre sort et de notre destin. »


(...)


Au début de la 3ème partie de l’Ethique, consacrée à l’étude des sentiments (ou affects), Spinoza rappelle une chose fondamentale : L’être humain n’est pas dans la Nature (comprendre « dans l’Univers ») « comme un empire dans un empire ». Il est partie intégrante de la Nature qui est une et agit partout de manière identique, « ce qui signifie que les lois et les règles de la Nature, suivant lesquelles toute chose est produite et passe d’une forme à une autre, sont partout toujours les mêmes, et par conséquent il ne peut exister aussi qu’un seul moyen de comprendre la nature des choses, quelle qu’elles soient : par les lois et les règles universelles de la Nature ». (Ethique, III, introduction)


Ainsi convient-il de chercher à comprendre et à expliquer le comportement humain, comme on le fait pour un phénomène naturel. Un ouragan survient : les météorologues cherchent à comprendre comment et pourquoi il s’est constitué, puis à décrire sa possible trajectoire, en fonction des autres phénomènes qu’il rencontre sur sa route.


Il en va de même pour les comportements humain : plutôt que de s’en moquer, de les juger, de s’en plaindre ou de les haïr, cherchons à les décrypter, à en comprendre les causes, à les analyser, en se référant aux lois immuables de la Nature.

Une colère s’explique aussi bien qu’une tornade et la jalousie a des causes aussi rationnelles qu’une éclipse de soleil.


C’est la raison pour laquelle Spinoza appelle à ne poser aucun jugement sur les hommes et leurs actions, car il est impossible de les comprendre tant qu’on n’a pas compris les causes profondes qui les meuvent.

(…)

Spinoza nous invite donc à ne pas construire un modèle d’humanité en fonction duquel nous jugerions les actions humaines, mais à prendre l’humain tel qu’il est, dans sa nature à la fois universelle et singulière, et à ne juger ses actions qu’en fonction des raisons, des causes profondes qui les ont motivées.

C’est bien souvent impossible, c’est pourquoi il est si délicat de poser un jugement moral sur les êtres, lesquels, de surcroît, agissent le plus souvent à leur propre insu, sans avoir une quelconque conscience des causes de leurs actes.


Après Jésus, qui n’a de cesse à répéter « Ne jugez pas ! » et avant Freund, Spinoza a parfaitement explicité combien l’homme restait une énigme pour lui-même et, mieux encore a proposé un chemin de connaissance de ses affects afin qu’il gagne en lucidité, en liberté et en joie.


L’Ethique de Spinoza n’a rien à voir avec la morale, il la conçoit comme une éthologie ; l’éthologie, cette science récente du comportement des êtres vivants (animal ou humain) qui considère que chaque être a un pouvoir d’affecter ou d’être affecté, et les affects (sentiments, émotions) qui en résultent.

(…)

Une rencontre heureuse, harmonieuse, qui convient à notre nature, augmente notre puissance d’être et d’action et procure des sentiments positifs (joie, confiance, amour). Une rencontre malheureuse, inappropriée, dévalorisante, nuisible, diminue notre puissance et nous plonge dans des affects négatifs (tristesse, peur, culpabilité, haine, etc.). Comme le disait nos parents : « Fais bien attention à tes fréquentations ! »

(…)

Tout notre bonheur et tout notre malheur proviennent de choses, des idées et des êtres qui vont nous affecter, pour le meilleur ou pour le pire.

On peut, dès lors, se laisser flotter au gré de la fortune, c’est-à-dire des bonnes ou des mauvaises rencontres de la vie, sans discernement ni capacité à les susciter ou à les éviter.


Mais nous pouvons aussi prendre notre destinée en main et décider de devenir plus lucides sur nous-mêmes et sur les autres, d’acquérir une meilleure connaissance des lois universelles de la vie et de notre nature singulière.

Fruit de l’expérience et de la raison, cette connaissance nous permet ainsi de savoir ce qui est bon et mauvais pour nous, ce qui s’accorde ou ne s’accorde pas à notre nature, ce qui augmente ou diminue notre puissance et notre joie.


Extrait de « Le miracle Spinoza » de Frédéric Lenoir, édition Fayard


***


Avec toute mon affection, Nathalie <3

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